mardi 22 novembre 2016

Sur le pas de tir avec les hommes du Raid

Journée de routine au Raid. Dans les environs de Strasbourg, l’équipe répète inlassablement ses techniques de pénétration. Dans un décor digne de Tchernobyl, ancien bâtiment militaire bouffé par l’humidité, leur lourd bouclier au bras, pistolet au point, les policiers enfilent un labyrinthe de couloirs et de pièces aux cloisons sans cesse transformées. Ils surgissent dans chaque pièce et recoin qui se présente à eux dans un ballet très élaboré, se couvrant les uns les autres. Chaque scène est ensuite disséquée, commentée… « C’est essentiel, souffle le commandant Freddy. Un bon opérateur du Raid, au-delà de la forme physique, c’est quelqu’un qui a une vision du terrain, une capacité d’initiative, un sens policier… »
« Les vrais anges gardiens du quotidien ce sont les collègues de la police urbaine »
Question de sécurité. « Une fois que la porte s’ouvre, c’est l’inconnu, ajoute Virgil. On ne peut compter que sur les copains. On essaie toujours d’avoir les plans avant d’entrer mais il y a trop de surprises possibles. Même à 6 h du matin, celui qu’on vient chercher peut être debout prêt à riposter. Ces gestes tactiques constamment répétés constituent notre meilleur blindage ! » Les copains sont beaucoup plus que des collègues, une famille idéale dont la cohésion doit être sans faille. « On est dedans ou pas », souligne leur commandant. Le groupe passe avant tout. L’osmose de ses membres doit être parfaite.
Forcené, prise d’otage, assistance de groupes d’enquêtes lors de l’interpellation d’individus potentiellement dangereux, les hommes et femmes du Raid vivent pour l’adrénaline. Ils ne sont pas pour autant des têtes brûlées : « Un opérateur doit posséder un grand équilibre physique et psychologique, on n’accepte pas les chiens fous », souligne le commandant Freddy qui, à corps d’élite, préfère le terme de « service spécialisé. Face à un conflit familial, l’élite c’est police secours pas nous. Les vrais anges gardiens du quotidien ce sont les collègues de la police urbaine, nous, on est le dernier recours. »
La journée se poursuit au stand de tir, sous le regard écarquillé d’un groupe de jeunes CRS en formation. « C’est le meilleur des meilleurs des meilleurs », s’extasie l’un d’eux. Pour autant, Fouilloux, Looping ou Père Noël ne friment pas sur le pas de tir.
Chaque séquence est imaginée pour placer l’opérateur en situation de stress, de déséquilibre. En opération, chaque homme aura au minimum une trentaine de kilos sur le dos, plus un casque de 5 kilos, un bouclier de 15 kilos au bras. De quoi arrêter une balle perforante mais pas de remplacer la lucidité de celui qui le porte.
« Le maître mot, c’est le contrôle. Quand on est appelé, un premier groupe de quatre part dans les dix minutes, suivi du reste de l’astreinte dans le délai d’une demi-heure. » Effraction, opérateur, tireur de haute précision, comme un couteau suisse, le bloc du Raid fait alors parler ces mois d’entraînement. « Notre boulot, c’est trouver la solution le plus rapidement possible au problème posé. »

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2016/11/22/sur-le-pas-de-tir-avec-les-hommes-du-raid

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